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La médecine intégrative expliquée par Bénédicte Mastroianni


Médecine intégrative, de quoi parle-t-on ? Bénédicte Mastroianni, pneumo-cancérologue au centre Léon Bérard, nous fait part de son expérience de la médecine intégrative, qui est au cœur de son travail.
La médecine intégrative et les soins complémentaires non conventionnels expliqués par Bénédicte Mastroianni, médecin pneumo-cancérologue du Centre Léon Bérard

Bénédicte Mastroianni est une pneumo-cancérologue au Centre Léon Bérard. Elle est aussi spécialiste des soins palliatifs et coordonnatrice du groupe de réflexion sur la médecine intégrative dans son centre hospitalier. Ainsi, elle s’occupe de coordonner le développement des thérapies complémentaires pour ce qu’elle appelle une intégration raisonnée des thérapies complémentaires. Par conséquent, les deux tiers de son temps sont consacrés au département des soins de supports.

Pour Bénédicte Mastroianni, la médecine intégrative consiste à pouvoir associer les pratiques de soins conventionnelles aux pratiques de soins non conventionnelles.

La médecine intégrative désigne une médecine prenant en compte l’individu dans sa globalité, sans se focaliser sur la maladie. Pour cela, elle associe la médecine conventionnelle et des pratiques complémentaires (non conventionnelles). On retrouve parmi ces pratiques la médiation en pleine conscience, l’acupuncture, l’ostéopathie ou encore l’aromathérapie. Celles-ci n’ont pas pour objet de soigner la maladie, mais d’améliorer le bien-être de la personne malade. Des soins complémentaires particulièrement appréciés dans le cas des maladies chroniques et du cancer.


La médecine conventionnelle ou scientifique s’intéresse davantage aux conséquences qu’aux causes de la maladie. Dans une logique mathématique, la médecine conventionnelle s’inscrirait dans cette idée : il y a un problème, il faut le résoudre, ou encore, il y a une maladie, il faut la traiter.

L’intérêt se porte plus sur les symptômes de la maladie que l’on tente de soigner : à partir d’un diagnostic précis, le médecin prescrit un traitement dont la posologie est réglementé, une intervention chirurgicale…



On parle de pratiques ou de soins non conventionnels (PSNC) lorsqu’on évoque des pratiques également appelées à tort car la plupart ne sont pas exercées par des médecins ou même des professionnels de santé – « médecine alternative », « médecine complémentaire », « médecine naturelle » ou encore « médecine douce ».

Le ministère de la Santé précise que les PSNC ont pour point commun qu’elles ne sont ni reconnues, au plan scientifique, par la médecine conventionnelle, ni enseignées au cours de la formation initiale des professionnels de santé.

Le recours à ces pratiques peut s’expliquer par le fait que les traitements conventionnels nécessitent, pour être efficaces et sûrs, l’application de protocoles de soins rigoureux, ce qui peut donner au patient le sentiment de recevoir des soins standardisés, non personnalisés. Les traitements dispensés dans le cadre des PSNC apparaissent plus personnalisés, mais ils n’offrent pas les mêmes garanties d’efficacité et de sécurité que celles de la médecine conventionnelle


Les médecines conventionnelles et non-conventionnelle se dissocient et se complètent à la fois. En effet, ensemble, ces deux conceptions de la médecine offrent une approche globale de l’individu. La médecine conventionnelle diagnostique le patient à partir de la science, tandis que les médecines non-conventionnelles auraient tendance à inscrire le patient dans un ensemble : comme par exemple l’environnement, la nature, les énergies. Les symptômes sont alors traités dans leur totalité : causes et conséquences.


Le traitement d’un cancer ne s’arrête pas aux médicaments, à la chirurgie et/ou à la radiothérapie. Les « soins de support » font alors partie intégrante du parcours de soins des patients.

Ce sont l’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades pendant et après la maladie. Ils se font en association avec les traitements conventionnels du cancer. Ce sont des soins reconnus pour leur efficacité dans la prise en soins du cancer, pour gérer les symptômes liés à la maladie et/ou les effets secondaires des traitements. 4 soins de support dit « socles » sont remboursés par l’assurance maladie et doivent être proposés au patient après discussion avec l’oncologue.

Ils composent le « panier des soins de support » validé au niveau national :

  • la prise en charge de la douleur
  • la prise en charge diététique et nutritionnelle,
  • la prise en charge psychologique,
  • la prise en charge sociale, familiale et professionnelle,

6 soins complémentaires doivent aussi pouvoir être proposés aux patients qui en ont besoin :

  • L’activité physique
  • La préservation de la fertilité
  • La prise en soins des troubles de la sexualité
  • Les conseils d’hygiène de vie
  • Le soutien psychologique des proches et des aidants
  • 2 techniques particulières d’antalgie : l’hypno-analgésie et l’analgésie intrathécale

Les soins palliatifs font aussi partie des soins de support.

Les soins complémentaires non conventionnels dont l’efficacité à été démontrée en cancérologie intègrent peu à peu la stratégie de soins de support des médecins.


Bénédicte Mastroianni déclare qu’il y a un engouement des patients pour ces pratiques. En effet, cette demande est liée aux progrès faramineux de la science dans le traitement des cancers et du nombre grandissant de personnes vivant avec un cancer. Comme l’équipe de soins n’arrive pas à couvrir tous les besoins des patients, bien souvent par manque de temps médical. Les patients cherchent alors à prendre des initiatives par eux-mêmes, à redevenir acteurs de leur prise en charge, et se dirigent vers les thérapies complémentaires.

Une personne atteinte de cancer et sous traitement est particulièrement vulnérable. Si elle ne parle pas à l’oncologue de ses pratiques complémentaires, des risques existent :

  • Risque de toxicité ou de baisse d’efficacité du traitement par intéraction médicamenteuse
  • Risque financier
  • Faux espoirs
  • Voire risque de déviation sectaire

Le centre Léon Bérard a décidé d’être force de proposition en proposant des thérapies complémentaires afin d’aiguiller les patients. L’hôpital s’appuie sur des thérapies qui ont fait l’objet de validation scientifique, qui sont exercées par des praticiens qui ont des diplômes universitaires.

Cet hôpital a aussi créé un groupe pluridisciplinaire il y a une dizaine d’années et une consultation d’oncologie intégrative dédiée. Bénédicte Mastroianni souligne l’importance, de proposer une offre de thérapies complémentaires et de guider les patients vers des soins adaptés à leurs besoins. L’avantage de passer par son médecin est de garantir la sécurité et aussi une équité d’accès au soins. En effet, toutes ces thérapies en ville sont payantes et les patients n’ont pas tous les moyens.

Par ailleurs, Bénédicte souligne qu’à Paris, l’Institut Raphaël est un modèle sur le sujet, ainsi, sous l’impulsion d’Alain Toledano (président de l’institut Raphaël), la société française d’oncologie intégrative – SFIO – à récemment été créé et organise d’ailleurs son premier congrès à Paris le 8 novembre 2024.

Par ailleurs, les universités se structurent de plus de plus. En effet, il y a désormais, en 6eme année de médecine, 6h d’enseignement sur la médecine intégrative. De plus, Il y a aussi la NPIS, emmenée par le Pr Ninot une société savante qui cherche à faciliter et structurer la recherche sur ce sujet.

Quels soins privilégie-t-elle ?

Pour commencer, Bénédicte indique que le Centre Léon Bérard suit des recommandations scientifiques internationales pour recommander des soins. En effet, l’hôpital s’appuie notamment sur les recommandations communes de l’ASCO et du SIO via des publications dans le JCO, un journal de référence pour les cancérologues.

Les principaux soins que propose la médecin Bénédicte Mastroianni :

  • La méditation pleine conscience
  • La refléxologie plantaire
  • Les médiations artistiques : art-thérapie, chant
  • La sophrologie
  • L’hypnose thérapeutique
  • L’aromathérapie

Elle ajoute qu’il y a un grand nombre de littérature qui existe sur le sujet.

Dans sa consultation d’oncologie intégrative de 45 minutes, Bénédicte Mastroianni recueille souvent des questions sur les thérapies complémentaires. Elle y rencontre des patients de toutes pathologies confondues. L’objectif est de favoriser le dialogue à travers une sensibilité des médecins à ces sujets. La majorité des patients sont alors ouverts à en parler. Ils demandent généralement à ce que leur oncologue leur donne des conseils. Les questions qui reviennent le plus sont : Où aller ? qui consulter ? qui éviter ?

En premier lieu, la principale difficulté que rencontre l’hôpital Léon Bérard dans le développement de l’oncologie intégrative est le manque de temps. En effet, le temps d’écoute et le temps d’analyse des besoins lors d’une consultation demande plus de temps. Dans une activité d’oncologie médicale, ce n’est pas simple à intégrer. La priorité va alors d’abord aux soins spécifiques du cancer (définition du protocole de chimiothérapie, immunothérapie…) puis aux soins de support. Une consultation plus longue serait idéale. D’où l’importance d’orienter les patients qui le souhaitent vers la consultation d’oncologie intégrative exclusivement dédiée à ces questions.

Lors des consultations de suivi, c’est de dépister les besoins en soins de support socles. Et normalement, tout au long de la maladie, l’oncologue on doit être à l’écoute des besoins de ses patients.

De créer des consultations spécifiques, Bénédicte Mastroianni effectue plusieurs consultations :

  • Une consultation en oncologie intégrative
  • Une consultation en hôpital de jour pour prescrire les chimiothérapies
  • Une consultation en soins palliatifs

Lors de la consultation en oncologie intégrative, après plusieurs visites des patients, nombreux sont ceux exprimant leur enthousiasme. Un retour que Bénédicte Mastroianni entend souvent : « Cet après midi je suis content de venir car je sais que c’est une consultation qui est faite pour me faire du bien.»

Pour elle, le principal est que le patient se sente mieux afin qu’il se décentre de la maladie. Pour celà, il faut qu’il n’y ai :

  • pas d’interactions médicamenteuses
  • pas d’effets secondaires
  • pas de fausses croyances,
  • pas de risques financiers
  • pas de risques de déviations sectaires

Le problème majeur est le fait que de nombreuses personnes se disent praticien de bien être mais usent et abusent de la vulnérabilité des patients en leur faisant croire des choses qui sont fausses.

Pour finir, Bénédicte envoie un message aux patients qui bénéficient de soins complémentaires. Elle souligne qu’il est primordiale d’en parler à son oncologue ou à l’infirmière de coordination. En effet, pour elle, il n’y a aucune raison de le garder pour soi. Avoir l’avis de son oncologue ne peut être que bénéfique.

Ce qui est positif est de voir le dialogue s’ouvrir de plus en plus. D’après elle, les oncologues sont plutôt tolérants et ouverts sur ces pratiques complémentaires.

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Sources :

Institut National du Cancer

Conseil National des médecins

Harmonie Santé.fr

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